« LE DROIT D’AUTEUR : UN MOTEUR DE L’ÉCONOMIE CREATIVE » est le thème des échanges à la fois riches, profondes et complexes qui ont animés la Conférence Régionale OMPI-OAPI qui s’est déroulée du 28 au 29 Juillet 2025 à l’hôtel Hilton de Yaoundé, présidée par le Ministre des Arts et de la Culture du Cameroun, M. Pierre Ismaël BIDOUNG MKPATT.

Durant ces deux jours de travaux où de nombreuses personnalités importantes ont pris part à l’instar du Président en exercice du Conseil d’Administration de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle, M. Antoine Nicéphore Thomas FYLLA SAINT-EUDES ; le Ministre de la Culture du Tourisme Artistique et de Loisirs du Congo Brazaville, Mme Lydie PONGAULT ; le Ministre des Mines de l’Industrie et du Développement Technologique du Cameroun, Pr FUH Calistus Gentry ; les Représentants de haut niveau de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) conduit par Mme Loretta ASIEDU, Directrice Bureau Afrique OMPI et les Directeurs Généraux des Sociétés de Gestion Collective des Etats membres de l’OAPI ; il a été question de faire un état des lieux afin de mettre en lumière les enjeux stratégiques (opportunités et défis) économiques, sociaux, technologiques et juridiques de l’optimisation de l’exploitation du droit d’auteur en Afrique (livre, musique, cinéma…) et d’y apporter des solutions concrètes comme l’a souligné M. Denis L. BOHOUSSOU, Directeur Général de l’OAPI :
Les enjeux économiques
Les industries culturelles et créatives apparaissent comme un pilier de l’économie du 21ème siècle.
Mme Loretta ASIEDU, Directrice Bureau Afrique OMPI, Discours de la cérémonie d’ouverture de la Conférence Régionale OMPI-OAPI, Yaoundé Cameroun
Grâce à elles, l’Afrique a pu se faire une place de choix sur le marché mondial ainsi que impulser et développer l’environnement local.
Cependant malgré ce dynamisme et cette croissance significative, les ICC africaines sont pour le moment un géant aux pieds d’argile.
En effet, malgré sa contribution conséquente à l’économie globale en Afrique comme le souligne M. ALY BATHILY, Directeur Général de la Société Sénégalaise du Droit d’Auteur et des Droits Voisins :
Selon le rapport de la BAD en 2023, l’apport de l’économie créative est estimé à 58 milliards dollars avec un taux de croissance annuel de 10,8 % avec une part de plus de 35% pour le numérique.
Ainsi que Mme Loretta ASIEDU :
Et cela à cause de plusieurs défis auxquelles les ICC africaines sont confrontées au quotidien notamment :
- La piraterie et la contrefaçon des oeuvres qui causent un manque à gagner énorme aux auteurs.
- Les difficultés d’accès au financement.
- Les faiblesses au niveau des mécanismes de financement, point relevé par Dr Pierre EL KHOURY :
Beaucoup dépendent encore de l’aide internationale sans une stratégie d’autonomisation.
- Le problème de structuration économique.
- Les difficultés pour la mise en œuvre de la rémunération pour la copie privée.
- Le problème de la collecte des droits d’auteurs.
- Le faible pouvoir d’achat des consommateurs africains.
- Le manque d’outils de paiement adaptés.
- Manque de spécificités dans les politiques fiscales portées par les ICC.
- L’ouverture de la majorité des ICC dans le secteur informel.
Les enjeux sociaux
Dans l’espace OAPI, les États membres regorgent d’initiatives locales dynamiques portées par une jeunesse bouillonnante de créativité et d’innovation qui leurs ont permis de créer beaucoup d’opportunités comme :
- La création d’emplois
- Le renforcement de l’identité culturelle ainsi que du savoir-faire local.
- La lutte contre la pauvreté.
- La valorisation et conservation du patrimoine.
Pourtant malgré toutes ces opportunités, elle n’arrive pas à véritablement et totalement exploiter et déployer son potentiel à cause de nombreux obstacles telles que :
- L’accès au marché.
Le marché est largement dominé par les géants internationaux qui a pour conséquence la difficulté des industries culturelles et créatives locales à se frayer une part de marché.
M. EL HADJ MANSOUR JACQUES SAGNA alias LORD ALAJIMAN
- La précarité des consommateurs.

- L’éducation à la consommation des biens culturels de manière responsable
- Le manque d’infrastructures adaptées
- Le manque d’inclusion digitale.
- La marginalisation au niveau des opportunités et des ressources
Les femmes sont marginalisées dans les industries culturelles et créatives car elles ne représentent que 1% dans les industries culturelles et ainsi que (ndlr) les personnes vivant avec un handicap qui sont rarement exposées.
Dr Pierre KHOURY
- Pas de statut pour beaucoup d’artistes sur le continent africain
- Le manque de compétences.
Les enjeux technologiques
L’avènement des technologies numériques offrent des opportunités importantes aux créateurs africains comme le confirme Dr Pierre KHOURY
Nous pouvons citer :
- La valorisation des œuvres locales à l’économie mondiale.
- L’accès à un public, marché plus large grâce aux plateformes digitales de diffusion
- L’essor du gaming et du e-gaming

- Le développement de nouveaux modèles économiques (blockchain, NFT, audiobooks, Print On Demand)
- Le développement de nouveaux modèles de création avec l’intelligence artificielle
- L’utilisation du WIPO CONNECT (solution technologique qui soutient les OGC dans leur fonctionnement)
Mais ces possibilités considérables que la révolution technologique apportent aux ICC africains, celles-ci se heurtent toujours à des barrières telles que :
À l’heure où les technologies numériques évoluent rapidement, il est plus qu’urgent que L’OAPI et l’OMPI en collaboration avec les OGC de tous les États membres y mettent un accent particulier parce que l’innovation technologique est un activateur de la création artistique et un puissant levier de l’inclusion numérique transformatrice africaine comme le souligne Dr Pierre KHOURY :
Si’ l’Afrique regorge de talents, trop nombreux sont ceux qui restent à la marge du numérique. Non pas par manque d’inspiration, mais par absence d’infrastructures, de moyens et d’accompagnement… L’inclusion numérique est un impératif stratégique pour l’Afrique car l’enjeu… est non seulement de construire un écosystème où chacun, quelque soit sa situation, puisse créer, innover et vivre de son art ; mais il est également question (ndlr) de justice culturelle et de souveraineté réelle.
Les enjeux juridiques
Dans un environnement international compétitif et en perpétuelle évolution, la protection des droits d’auteur sur le plan juridique est essentielle afin d’assurer le développement, la justice et la pérennité des industries culturelles et créatives Africaines.
D’où la nécessité pour l’OAPI, l’OMPI et les OGC des États membres à y accorder ensemble une attention particulière comme le souligne Mme LORETTA ASIEDU :
C’est un lieu d’échange et de partage sur l’importance de la construction d’un environnement juridique et institutionnel favorable au développement du secteur des industries culturelles et créatives en Afrique prospère et favorable à la créativité et à l’innovation.
Les opportunités et défis juridiques du droit d’auteur en Afrique (dont la liste n’est pas exhaustive) sont :
C’est un fait, les industries culturelles et créatives africaines sont de véritables levier de développement économique tant sur le plan local que sur le plan international.
Comme les données de la Banque Africaine de Développement citées plus haut, une étude publiée en février 2025 par l’Agence Française de Développement sur le secteur des industries culturelles et créatives le confirme une fois de plus :
Les industries culturelles et créatives génèrent en moyenne 45,3 milliards de dollars annuels en Afrique
Elles sont également des moteurs de bien-être social, de l’autonomisation des femmes, de la valorisation du patrimoine culturel africain et de l’inclusion active.
Mais malgré tous ces grands atouts, elles doivent encore relever de nombreux défis afin qu’elles en tirent véritablement profit et soient pérennes comme l’a souligné M. Pierre Ismaël BIDOUNG MKPATT dans son discours d’ouverture :
Comme vous le constatez, de nombreux efforts restent à accomplir, aussi bien au Cameroun que dans l’ensemble de nos États, pour tirer pleinement parti des retombées de la valorisation de notre culture et de notre créativité.
C’est dans l’atteinte de cet objectif que des solutions communes et harmonisées (disponible dans la partie 2) plus que jamais nécessaires ont été proposées.
Let The African Vibration Rain on You
Source sur les données de l’Agence Française de Développement : www.agenceecofin.com