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Lydie YABEKO : la SOFT POWER Woman 237

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Il faut avoir de :

  • La DÉTERMINATION
  • La PERSÉVÉRANCE
  • L’ACHARNEMENT

Pour réussir dans le milieu culturel en tant que femme.

Lydie YABEKO nous a donné ses porte-étendards depuis qu’elle est entrée dans le vaste monde de la culture.

De passage au Cameroun dans le cadre du FESTIVAL AFROPOLITAIN NOMADE, Lydie YABEKO nous fait l’immense honneur de nous accorder une interview dans laquelle elle parle à cœur ouvert de sa vision de la culture camerounaise actuelle.

THE TALK

The Talk
The Talk © pixabay.com

Bantouqueen : Bonjour Madame Lydie YABEKO. Je suis très honorée de vous recevoir sur cette plateforme virtuelle.

Lydie YABEKO : Ça va dans les 2 sens. Je suis également très honorée de l’opportunité de me retrouver sur la plateforme Bantouqueen.

Bantouqueen : votre amour pour la Culture naît depuis votre tendre enfance.

Vous avez d’ailleurs un diplôme en Histoire de l’Art.

Nous aimerions savoir d’où vous vient cet amour si fort pour la Culture ?

Biennale DAKAR 2022 © Lydie YABEKO Facebook Page

Lydie YABEKO : Mon amour pour la Culture me vient de mes 2 parents.

Très tôt, ils ont éveillé et développé en nous (mes frère, sœurs et moi) un véritable esprit de curiosité sur tout ce qui concerne l’histoire, la géographie et la Culture dans son ensemble (Visite de Musées, Spectacle de Danse, Patrimoines immatériel et matériel lors de nos voyages à l’intérieur du Cameroun et ailleurs,…)

Par exemple ma mère qui est d’origine Tchèque nous a fait assister dès notre plus jeune âge à des projections sur les voyages de reporters au bout du monde, des pièces de théâtre du célèbre écrivain praguois FRANZ KAFKA ou encore des représentations de ballets du Lac des cygnes de Tchaïkovski.

Lydie YABEKO FRANZ KAFKA © cdn-vsh.prague.eu / David ČERNY

Étant également passionnée d’archéologie, mes parents m’ont offert des ouvrages qui m’ont aidés et nourris ma soif de connaissance sur ce sujet.

C’est ainsi que très jeune, j’ai su que l’on peut :

  • Apprendre sur le monde à travers ses différentes cultures.
  • Médiatiser un pays et véhiculer beaucoup de choses grâce à l’Art.

Ayant donc pris conscience de l’impact et du pouvoir que la Culture peut avoir sur la population, le monde, ainsi que du potentiel culturel que mon pays le CAMEROUN a, je décide à l’âge de 8-10 ans que je vais le faire découvrir au monde entier.

Bantouqueen : Après l’obtention de votre diplôme, vous suivez une formation en journalisme à Montréal.

Vous devenez tour à tour Chroniqueuse radio et télé pour différents canaux au Canada.

Puis après votre retour en Afrique, vous devenez chroniqueuse dans l’émission C’COMMENT ? diffusée sur la chaîne de télévision camerounaise CANAL 2 INTERNATIONAL.

Puis nous vous retrouvons dans AVANT-PREMIÈRE diffusée par le groupe CANAL+.

Lydie YABEKO
Lydie YABEKO © Lydie YABEKO

Qu’est-ce qui vous a poussé à embrasser le métier de journalisme ?

Lydie YABEKO : Probablement ma décision de faire connaître au monde entier l’immensité de la richesse culturelle du Cameroun lorsque j’étais très jeune ; et donc le désir de relayer l’information au plus grand nombre.

J’avais des choses à dire et à transmettre sur mon pays, sur l’Afrique et la qualité de vie et des Hommes que nous y avions ; alors qu’à l’étranger, à l’époque, on considérait encore notre continent comme un grand village.

Voilà pourquoi très tôt dans ma carrière, je suis par ailleurs devenue journaliste spécialisée dans les contenus de l’Afrique et sa diaspora.

Ensuite je pense que j’avais déjà des prédispositions pour cette branche (je suis bavarde, curieuse… Rires)

Enfin ce métier me permettait de relier toutes mes passions (arts et culture, voyage, communication) tout en gagnant de l’argent.

Bantouqueen : nous voyons tout le travail que vous abattez pour que tout le  continent africain soit mis en avant. Nous en sommes fiers et vous disons Merci .

Ce regard global que vous avez sur la culture africaine nous pousse à vous poser 01 question à 02 volets.

1- Pensez-vous qu’à l’heure actuelle la Culture Camerounaise a sa place dans l’industrie culturelle mondiale ?

2- Est-ce qu’à votre avis la Culture Camerounaise se vend bien aujourd’hui ?

Lydie YABEKO : Le Cameroun a un énorme potentiel en terme de culture. Et c’est un crèvecoeur pour moi de voir ce que nous en faisons aujourd’hui.

Et pour répondre à ta 1ère question, je réponds OUI.

Le Cameroun a tout à fait sa place dans l’industrie culturelle mondiale.

Il suffit juste de regarder ce qui se fait actuellement au Musée du QUAI BRANLY – JACQUES CHIRAC au travers de cette magnifique exposition camerounaise intitulée ” Sur la Route des Chefferies. Du visible à l’invisible” conçue et organisée par LA ROUTE DES CHEFFERIES et qui est un véritable succès.

Sur la Route des Chefferies
Visuel de SUR LA ROUTE DES CHEFFERIES @ parisetudiant.com

Il y a donc un intérêt pour notre culture.

Côté musique par exemple, nous avons des artistes comme BLICK BASSY, KAREYCE FOTSO, RICHARD BONA, SALLY NYOLO qui vendent avec maestria le Cameroun et dans nos langues.

Et ils ne représentent qu’un échantillon des ressources que nous possédons en matière de culture puisque comparé à d’autres, le Cameroun a une panoplie de merveilles extrêmement diversifiées à faire découvrir.

Ça veut donc dire que notre pays pourrait prendre tellement plus de place…

Je rappelle que dans les années 80-90, le Cameroun était connu comme l’un des pays les plus alphabétisés de l’Afrique Francophone.

Un pays qui exportait sa culture puissance 100. On inondait le continent !

Comme exemple je peux citer :

  • Les artistes tels que EKAMBI BRILLANT, LES BLACKSTYL, SAM FANTOMAS, BEBEY MANGA, ANNE MARIE NZIE, ELVIS KEMAYO, MANU DIBANGO faisaient des salles combles à travers l’Afrique.
  • Les TÊTES-BRÛLÉES quant à eux ont exporté le Cameroun à un niveau extraordinaire au-delà des limites du continent avec leur BITKUSI électrisant et leurs prestations scéniques hors du commun.
Lydie YABEKO
EKAMBI Brillant © Wikipedia/ BLACKSTYL © kamerlyrics.net / SAM FANTOMAS © culturebene.com / BEBEY MANGA © Wikipedia / ANNE MARIE NZIE © pressafrik.com / MANU DIBANGO © Wikipedia

J’étais petite mais déjà consciente. Et là on ne parle que du volet musique..

Aujourd’hui malheureusement, on a oublié en Afrique que la culture peut être le plus bel outil de SOFT POWER (prise de pouvoir par la manière douce).

À mon grand regret, on a perdu cette capacité à l’utiliser pour transmettre du positif et rendre les gens fiers de ce qu’ils sont.

Ce qui m’amène à répondre à ta 2ème question (est-ce qu’à votre avis la Culture Camerounaise se vend bien aujourd’hui ?) en disant qu’à mon humble avis, on n’en fait pas assez et c’est vraiment dommage !

Même sans grands moyens, on pourrait faire tellement mieux aujourd’hui pour vendre l’énorme potentiel de notre pays…

Bantouqueen : au travers de ce triste constat que vous venez de faire, que pensez-vous que les institutions gouvernementales, les acteurs et les artistes camerounais devraient faire pour que notre culture redore son Blason ?

Lydie YABEKO : à mon humble avis, il faut :

  • Revoir notre positionnement, notre « Nation branding » et faire du vrai marketing culturel pour s’imposer de nouveau à l’étranger et autrement que par les faits divers de la sphère politique et du football.
  • Au niveau local, lancer plusieurs initiatives à la fois et sur plusieurs fronts avec pour premier objectif de faire remonter la Culture avec un grand C dans l’esprit des camerounais d’abord.
  • Instaurer une politique éducative d’ouverture à la culture dès le bas âge dans notre système scolaire.
  • Valoriser notre potentiel en ouvrant à foison des centres culturels camerounais qui garantiraient un accès gratuit à la création et à la scène, non seulement à la jeunesse mais à tous ceux désireux d’y contribuer.

Cela va permettre : la découverte des talents, l’apprentissage, l’échange des idées, l’éloignement de l’oisiveté ainsi que du danger de la mauvaise utilisation des réseaux sociaux.

  •  Impérativement que les mentalités changent et que la Culture soit désormais considérée comme une Industrie et non plus juste comme un moyen de divertissement. Et donc, ne pas négliger la professionnalisation des métiers liés à l’Art et la Culture.
  • Que le gouvernement joue sa partition en construisant des infrastructures, en multipliant les partenariats avec les institutions culturelles et en offrant des bourses d’études dans ledit secteur.

Bantouqueen : nous savons que dans le monde de l’emploi de manière générale, ce n’est pas évident pour la femme de s’imposer. Et qu’elle doit fournir 2 fois plus d’efforts pour se faire sa place.

Que pensez-vous de la place de la femme camerounaise dans le milieu de la culture ?

Lydie YABEKO
Interview du Styliste IMANE AYISSI © Lydie YABEKO Facebook Page

Lydie YABEKO : Si pour la femme c’est 2 fois plus d’efforts pour s’imposer dans le monde de l’emploi de manière générale, dans le milieu de la culture c’est 4 fois plus d’efforts.

Avec des collègues, nous avons constaté que le nombre des femmes qui évoluent dans les sphères culturelles diminuent drastiquement lorsqu’elles sont dans la trentaine.

Nous en voyons de moins en moins qui font de longues carrières pour diverses raisons telles que : la maternité, le mariage, la pression de la famille…

Nous accusons généralement les hommes d’en être la cause, mais parfois ce sont les femmes elles-mêmes qui se mettent des barrières.

S’il est vrai qu’aujourd’hui les gens commencent à comprendre que ce secteur est dans lequel on peut se faire beaucoup d’argent et en vivre de manière descente (le Nigeria en est le parfait exemple), cela n’a pas toujours  été le cas.

Tiwa Savage
Tiwa Savage, a success Woman © www.topafricasuccess.com

Ce sont tous ces facteurs qui me font penser que les femmes ne sont pas suffisamment vues, mises en avant, prises au sérieux.

Et elles-mêmes n’ont pas une estime de soi assez forte.

Bantouqueen : Qu’est-ce qui d’après vous doit être fait pour que cela change ?

Lydie YABEKO : Il faut que :

  • les femmes qui évoluent dans le secteur artistique et culturel bénéficient d’appuis particuliers.
  • Elles soient professionnelles et considérées au même titre que celles qui travaillent dans des secteurs plus corporatifs, et non plus comme de simples amuseuses publiques.

Les femmes elles-mêmes, doivent de leur côté, prendre leurs carrières au sérieux.

Les scènes culturelles ne doivent pas être un faire-valoir pour être exposé et trouver un bon mari pour disparaitre par la suite alors qu’elles ont parfois un énorme talent.

En plus aujourd’hui, tout le monde sait qu’on peut vivre de manière décente et même se faire beaucoup d’argent en travaillant dans les arts et la culture.

L’industrie culturelle et créative du Nigeria a donné le ton et montré que si les initiatives sont pensées et accompagnées par une stratégie de revalorisation du secteur culturel dans son ensemble, tout est possible.

Succès Nigérian
Succès Nigérian © le monde.fr (Photo by CRISTINA ALDEHUELA / AFP)

Bantouqueen : Quel sont les conseils que vous pouvez donner à une jeune fille, femme qui veut se lancer dans le secteur de la Culture ?

Lydie YABEKO : les conseils que je peux donner sont les suivants :

  1. Travailler beaucoup et très fort, ce qui implique de gros sacrifices parfois même personnelles.
  2. Il ne faut pas avoir peur et croire en son potentiel.
  3. Être vrai dans ce que l’on fait sinon ça ne va pas durer.
  4. Garder et cultiver ces 03 valeurs qui m’ont été apprises à l’école de journalisme dans tout ce que l’on fait : DÉTERMINATION – PERSÉVÉRANCE – ACHARNEMENT

Et le dernier conseil que je donne est de ne pas lâcher parce qu’à la fin ce ne sont pas les meilleurs qui y arrivent mais plutôt ceux qui n’abandonnent pas.

DÉTERMINATION -PERSÉVÉRANCE - ACHARNEMENT
DÉTERMINATION – PERSÉVÉRANCE – ACHARNEMENT © LYDIE YABEKO Facebook Page

Bantouqueen : nous sommes arrivées au terme de notre interview. Merci pour ce magnifique échange et surtout ce partage d’expérience.

Lydie YABEKO : Merci également et très bonne continuation à vous.

Let The African Vibration Rain On You.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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