La Musique Camerounaise […] est moins compétitive, elle est moins humaine, moins proche du cœur.
Joseph OWONA NTSAMA, Chercheur et Chroniqueur en Musique (3 juillet 2019). Il y’a un problème d’apprentissage de la musique au Cameroun.
Ce sont des raisons parmi tant d’autres qui font que la musique camerounaise actuelle a des difficultés à s’exporter.
Ce triste constat nous a donc amener à nous poser la question suivante :
Comment faire pour améliorer l’exportation de cette musique ainsi que de ceux et celles qui la pratiquent ?
Quelques éléments de réponses nous ont été donnés par M. EFE OMOROGBE ( Manager de l’artiste nigérian 2 FACE IDIBIA) lors d’une Masterclass organisée le 09 février 2022 dans la ville de Douala.
Bien que ces éléments de réponses soient générales, nous les avons contextualisés en les mettant en perspective avec l’environnement musical camerounais.
L’Exportation de la Musique Camerounaise : des Actions plus que des Mots
Conscience collective
M. EFE nous fait comprendre, d’entrée de jeu, qu’il est de notre RESPONSABILITÉ de faire briller et de valoriser notre musique.
Ce dernier poursuit en ces termes :
You Can only export something that has a value.
D’où la nécessité de pousser à la consommation massive de la musique camerounaise par les camerounais en PREMIER.
Il dira à ce propos que :
When i’m in Cameroon, i want to listen local music, not nigerian music. I already listen the music of my country in my country.
Le professionnalisme
Pour que la musique camerounaise s’exporte, chacun à son niveau d’intervention, doit avoir la parfaite connaissance de l’environnement musical et de son métier.
Toujours pour étayer son propos, M. EFE d’ajouter :
If you want to grow in this industry, you have to BUILD and PROUVE your capacity.
Le fort accompagnement du gouvernement
Toute activité est régie par des Lois. Et c’est l’État qui les établit.
Voilà pourquoi nous devons mener des actions citoyennes qui poussent le gouvernement à soutenir et à accompagner l’industrie musicale.
Nous devons, également, pousser l’État à encourager et, surtout, veiller pour que la musique 237 soit plus consommée et valorisée sur les différents canaux de diffusion locaux ainsi que les différents espaces publics car l’exportation commence par la domination au niveau du local.
M. EFE soutient cette idée en disant que :
You have to engage government until they pay attention
La création d’infrastructures musicales
Pour exporter un produit de qualité, celui-ci doit être réalisé dans des conditions et espaces favorables et adaptés.
Raison pour laquelle des infrastructures musicales doivent être créées afin d’obtenir le résultat escompté.
M. EFE soutient cette idée en disant :
Talent development requires infrastructures. If you are an artist and you are not performing constanly, you are not an artist, you are a bird in cage.
Réduction de la pauvreté
En dehors des infrastructures, l’autre condition favorable est l’augmentation du pouvoir d’achat .
C’est d’une importance capitale parce que les familles pourront ainsi allouer un budget à la consommation des produits musicaux.
La musique de nos jours se consomment plus via les plateformes de téléchargement légales et de streaming.
Pour preuve selon l‘IFPI, 62,1% des revenus globaux de l’industrie musicale proviennent du streaming en 2020.
Les revenus du streaming ont augmenté de 19,9% en 2020.
À la fin de l’année 2020, 443 millions d’utilisateurs de streaming ont souscrit un abonnement premium ou payant contre 341 millions en 2019.
Ce qui fait une augmentation de 102 millions d’abonnements premium entre 2019 et 2020.
Cependant, l’Afrique qui détient la plus grosse part de marché avec sa forte population jeune, ne représente que 0,5% du revenu mondial de la musique enregistrée en 2019.
La mise en place d’une stratégie
La musique camerounaise est un produit que nous proposons à la vente comme n’importe quel produit! Voilà pourquoi elle doit avoir un process qui va faciliter son exportation.
Mr EFE clôture cette Masterclass en nous proposant selon lui 02 clés de compréhension pour une meilleure mise en place de ce process. Il s’agit de :
- Le changement de mentalité
- La valorisation de l’inclusion
Si aujourd’hui la musique camerounaise actuelle a de la peine à s’exporter, nous soulignons que c’était déjà le cas les années antérieures avec des artistes tels que : MANU DIBANGO, TALA ANDRÉ MARIE, EKAMBI BRILLANT, RICHARD BONA, WES MADIKO, ANNE MARIE NZIÉ …(pour ne citer que ceux-là)
La Musique Camerounaise pourra de nouveau s’exporter lorsque nos différents artistes comprendront que :
Music is not Emotions, Music is Business! Music is Money!
Let The African Vibration Rain On You.
Sources : www.ifpi.org / www.eventsrdc.com / www.journalducameroun.com