Inès Ulrich KAMGA NOUSSIGHEU est une jeune camerounaise qui voit le jour dans la ville au 07 collines en 1991, l’année où le rap français est à son apogée.
Elle est tombée amoureuse du RAP depuis qu’ils ont fait connaissance.
À l’occasion de la célébration de la Journée Internationale de la Femme Africaine qui se célèbre chaque 31 Juillet, nous avons décidé de mettre en lumière cette invisible Main dorée du Rap 237.
Dans cette interview, elle nous parle d’elle ainsi que du problème de l’émancipation des Femmes dans le milieu RAP.
👑Bantouqueen : Bonjour Inès. Nous sommes très contents que tu nous accordes cette interview. Avant que nous ne commencions? Bonne Fête de la Journée Internationale de la Femme Africaine.
💎Inès : Bonjour Bantouqueen. Bonne Fête à vous aussi et merci également de me recevoir.
Inès et le RAP : genèse
👑Bantouqueen : le milieu musical 237 et particulièrement celui du RAP connaît Inès, notamment sur l’un des plus grands festivals d’Afrique Subsaharienne: le DOMAF. Mais très peu connaissent ton histoire avec ce genre musical. D’où t’es venu cet amour pour le RAP ?
💎Inès : mon amour pour le RAP date depuis mon adolescence.
Petite, j’écoutais différents genres musicaux américains et français. Mais mon amour pour le RAP se développe à mon entrée au lycée de Nkol-Eton de Yaoundé car il y avait beaucoup de jeunes talents rappeurs
👑Bantouqueen : à l’époque le RAP était très mal perçu par les parents qui le considérait comme “la musique des voyous”. Comment ta famille a-t-elle réagi lorsqu’elle a su que tu t’y intéressais ?
💎 Inès : (rires). Cela n’a pas évident. Ma maman me disait justement je cite :
Oooh, les choses des voyous. Si on te donne le banga là-bas.
Mais je m’entêtais à aller aux concerts de RAP. En plus de cela, j’étais voisine au label MAPANE RECORDS. Nous sommes en 2006 à cette époque. Imaginez une jeune fille de 15 ans, fan de RAP, qui habite en face du plus grand label de RAP à ce moment. Il y avait rien à faire. (Rires)
Ça a pris du temps mais ma famille a fini par l’accepter.
Le parcours d’Inès dans le RAP 237
👑Bantouqueen : Comment as-tu fait ton entrée dans le milieu RAP 237 et quel a été ton parcours ?
💎 Inès : Comme je venais de le dire, j’ai commencé à aller aux concerts. Ensuite avec 01 de mes camarades et ami au nom d’ALIENA, nous avons créé le club hip-hop au lycée ; et plus tard je deviens chroniqueuse RAP que j’ai exercé pendant 2 ans pour 2 radios.
D’abord sur SKY ONE RADIO à Yaoundé pour l’émission SKY RAP, et ensuite pour RADIO CAMPUS à Douala pour MOOV HIP-HOP.
Aujourd’hui, je suis agent d’artiste.
Femmes Africaines et Rap
👑Bantouqueen : Être Femme, Africaine, dans le milieu musical et précisément dans le RAP n’est pas du tout facile. Comment as-tu procédé afin de te faire accepter et respecter par les rappeurs ?
💎Inès : Effectivement, être une Femme, Africaine, dans un milieu que l’on considère principalement pour les hommes est extrêmement difficile. Et pour se faire accepter puis respecter, il faut PROUVER.
Dans mon cas, cela a été la qualité de mon travail au travers des chroniques que je présentais lorsque j’étais dans la radio. Ensuite le fait que je sois tout le temps présente aux différents concerts et enfin de jouer le rôle de régisseur / programmatrice à certains showcase.
👑 Bantouqueen : En tant que Femme Africaine, quelles sont les difficultés auxquelles tu fais face dans le cadre de ton travail ?
💎Inès : J’ai décidé de ne pas me concentrer sur les difficultés que je rencontre dans ce milieu car je me dis toujours que je peux et vais les braver.
Je me concentre plutôt sur comment y faire face. Et l’une des clés pour moi c’est SAVOIR ÊTRE SPORT parce que l’artiste est une personne complexe.
👑Bantouqueen : Quelles sont selon toi, les ou la raison (s) qui font/fait que très peu de femmes intègrent le milieu du RAP 237. Et pour celles qui y sont n’arrivent pas à briller ?
💎Inès : Pour moi c’est 03 choses :
- La stigmatisation.
- Le manque de confiance.
- Le fait que les bases n’aient pas été claires dès le départ.
👑Bantouqueen : Tu es toujours en backstage. N’as-tu jamais rêvé de prendre le micro en tant que artiste rappeuse ?
💎 Inès : J’ai eu à faire des interprétations rap en public et en radio dans le passé. C’était à l’occasion de la kermesse au lycée et NKOL-ETON et à RADIO CAMPUS durant mon stage. D’ailleurs mon petit nom était MC. (Rires)
👑Bantouqueen : Actrice culturelle et maman. Porter ces 2 casquettes demande beaucoup de temps, d’énergie et d’investissement. Comment arrives-tu à trouver un équilibre entre les 2 ?
💎 Inès : Dans la vie tout est fonction d’organisation et de priorités.
Pour être honnête, depuis mon accouchement je ne m’investis plus trop dans le milieu du RAP. Et en plus mon autre boulot m’occupe énormément.
Mais malgré cet emploi de temps chargé, cela ne m’empêche pas de donner un coup de main quand je peux.
Donne la monnaie
👑Bantouqueen : Inès nous allons parler argent, NKAP. En tant que actrice culturelle, peux-tu nous dire si tu arrives à gagner suffisamment d’argent qui te permet d’en vivre ?
💎 Inès : (Rires). Pas vraiment. J’ai dû prendre une pause un moment afin d’obtenir cet autre travail dont je parle plus haut. Je suis dans le secteur des assurances et c’est lui qui me permet de vivre.
J’aime travailler pour la musique et dans le milieu musical mais à un moment donné, il faut pouvoir en vivre. Actuellement ce n’est pas encore le cas même si je sais que ce moment viendra.
Inès et JANÉA
👑Bantouqueen : Tu ne caches pas que tu travailles avec JANÉA. Comment cette collaboration s’est-elle faite ? Et comment arrives-tu à la gérer ?
💎Inès : cette collaboration a vu le jour parce que je l’ai provoqué. J’avais tellement apprécié le concept TU DORS TA VIE DORS de JANÉA que je voulais le rencontrer.
Chose qui s’est faite en 2014 lors de mon séjour à Douala à l’occasion du Douala Hip-Hop Festival actuel DOMAF.
La confiance a été très rapide et il m’a donc confié la gestion de son stand street weat au DHHF de 2015 à 2019 en tant que responsable marketing de ce produit.
Quelques années plus tard, je deviens son assistante qui me permet de connaître aussi JANÉA l’humain. C’est ainsi que notre relation évolue de professionnelle à “familiale” car actuellement il me considère comme sa petite sœur.
Comme dans toutes relations, il y a des hauts et des bas mais on ne lâche rien.
Le futur du Rap 237 selon Inès
👑Bantouqueen : Les acteurs et rappeurs 237 disent que le RAP 237 se portent mal aujourd’hui. Et selon eux, c’est à cause de la mauvaise communication entre les générations et la qualité du contenu Rap actuel. Quelles sont les solutions que tu proposes pour palier à ces 2 difficultés ?
💎Inès : Je propose 2 solutions :
- La fusion des différentes générations.
- Le recyclage (écriture et technique)
👑Bantouqueen : Comment et où vois-tu le RAP 237 dans 05 ans ?
💎Inès : Dans 05 ans le RAP 237 aura évolué. Et le côté fusion avec nos mélodies locales apportera une plus value. Il faudra juste que l’on s’unissent pour le propulser.
J’espère aussi voir plus de femmes 237 rappeuses.
👑Bantouqueen : Quel est ton top 05 rappeurs ?
💎Inès : Ce n’est pas évident pour moi de répondre à cette question parce que tout le monde a sa place.
👑Bantouqueen : Quel est ton top 03 des jeunes rappeurs à suivre ?
💎Inès : Il y a :
- DASHOR
- STYFLER 90
- PRINCI
Quelques conseils
👑Bantouqueen : Quels sont les conseils que tu donnes à une jeune Femme Africaine qui veut se lancer dans le milieu du RAP 237 ?
💎Inès : Je lui dirai :
- OSE
- Soit DIGNE
- TRAVAILLE
- Soit FERME
👑Bantouqueen : Merci Inès pour cette enrichissante interview. As-tu 1 dernier mot à ajouter ?
💎Inès : Oui. Je voudrais témoigner ma profondeur reconnaissance à certaines personnes dans ce milieu. Il s’agit de :
- JUNIOR SAVIO ETETEBE
- GUY LAROCHE ATANGANA
- TONY NOBODY
- MAX LE MIGNON
- JANEA
- DIDIER TOKO
- ACHILLE DJOUMSIE
👑Bantouqueen :Une fois de plus BONNE FÊTE de la FEMME AFRICAINE and Let The African Vibration Rain On You.
Ce soir j’ai fais un deux en un.
Primo Découverte que le 31 juillet est la journée de la femme Afreekaine
Secundo: je découvre qui est Inès Kamga et surtout de tout ce qu’ elle fait pour le hip-hop 237. Que ce soit pour ceux qui travaille dans l’ombre ou pour ceux au devant de la scène comme l’a chanté le gringo au mic « one day one day ça va payer….. »
Merci. Et heureuse que vous ayez appris quelque chose. C’est l’essence même de ce blog. Et effectivement “one day one day ça va payer”